Les légendes de McNeil

Comme je l’ai déjà mentionné sur ce blogue, mon livre « La légende de McNeil » a été inspirée par une de mes premières nouvelles (1994) qui s’appelait « Le chien de McNeil » que j’avais publié en 2009 dans les pages d’Horrifique no 66.

Mais ce que je ne vous avais pas encore dit, c’est qu’il y avait des suites… Et oui, en décembre 1995, j’imprimais une trentaine de copies de « Le chien de McNeil 2 » et en décembre 1996 une centaine de copies de « Le chien de McNeil 3 : l’horreur finale ». Ces exemplaires avaient été distribuées dans la famille, les amis, les professeurs, etc…

Je n’étais pas seul dans cette aventure, mon bon ami François Pierre Bernier (maintenant webmestre et directeur artistique pour Les Six Brumes) les a écrits avec moi. En fait, c’est grâce à lui s’il y en a eu d’autres après. Il m’a avoué un jour qu’on jasait chez lui (ses parents habitaient à cinq minutes des miens) : Tiens, Joe, j’avais commencé ça mais je ne le terminerai pas. Il m’a tendu un paquet de feuilles dactylographiées dont le titre était : « Le chien de McNeil 2 : hommage à Jonathan Reynolds ». J’étais surpris, même si je savais qu’il écrivait lui aussi des nouvelles d’épouvante, j’étais loin de me douter qu’il voulait me faire une telle surprise. J’ai donc décidé de le continuer et ça a donné une nouvelle écrite à deux (la première moitié est de sa plume et la deuxième de la mienne).

Tout de suite après, on s’était dit : on en écrit un troisième!

Vous le devinez déjà mais on était tous deux de grands amateurs de la plupart des séries de films d’horreur existantes (Freddy, Vendredi 13, Hellraiser, Halloween, etc), pour nous, c’était naturel de reproduire ce qu’on aimait, de partager cette passion pour les suites. Donc, un troisième était de mise.

Cette fois-ci, il s’agissait d’une réelle collaboration, on a remué les idées longtemps, on a écrit dans la même pièce pendant plusieurs fins de semaine (souvent le samedi, tout l’après-midi après avoir été mangé à la Cantine Chez Méo où la serveuse était vraiment jolie et avant de regarder des films, le soir), afin de s’assurer que le tout se tenait. Notre nom de code pour en parler, c’était « le projet CM3 » au cas où les murs auraient eu des oreilles… Ça a été une des histoires que j’ai eu le plus de plaisir à écrire de ma vie parce qu’on y faisait ce qu’on voulait, et c’était pour le plaisir, sans penser aux réalités de l’édition, du marché, sans tenir compte de l’originalité (et comme on était très influencé par les films qu’on aimait…) Tout ça, on s’en foutait, et c’est pour ça que c’était tripant à faire. Et comme notre propre petit village de Bromptonville et son canton nous inspirait beaucoup, on s’amusait à y faire naître l’épouvante…

Il y en a eu un dernier, un quatrième nommé « Le chien de McNeil 4 : l’œuvre de Jonathan Reynolds » écrit en 2000 et distribués en une vingtaine de copies que j’ai écris en solitaire comme le premier opus. Ça a été le projet qui m’a renoué avec le plaisir de l’écriture après une période pendant laquelle je n’écrivais plus (1998, 1999, 2000).  Ce dernier représentait le premier jet pour « La malédiction de McNeil » parue dans le no.21 de Brins d’éternité, en 2008.

Ceux qui ont ce numéro entre les mains, je vous invite à regarder la première lettre de chaque court chapitre… ça forme un mot. Je m’étais adonné à ce petit jeu pour symboliser mon retour dans le monde de l’écriture et reprendre contact avec mon imaginaire…

*

Témoignage de François Pierre Bernier 

C’est peut-être étrange, mais l’essentiel de mes souvenirs entourant les récits du Chien de McNeil tournent autour des circonstances de leur écriture et non des textes eux-mêmes. Je me rappelle de quelques scènes ici et là, mais rien de global. J’oublie plein de personnages et de lieux. Néanmoins, c’est l’un de mes meilleurs souvenirs d’écriture. Pour moi, l’acte d’écrire était plus riche et vivant que n’importe quelle idée qui pouvait me passer par la tête. Je me souviens très bien de ce que je lisais et écoutais lorsque j’ai terminé une de mes premières nouvelles d’envergure, mais pas du récit lui en soi. Il en va de même pour McNeil.

À l’époque, le vieux fermier fou et son chien ont occupé une grande partie de notre imaginaire d’apprenti-écrivains. Après avoir lu la première nouvelle de Jonathan, je m’étais mis en tête de produire une suite qui consisterait en un hommage au maître de l’horreur (de notre cercle d’amis, à tout le moins). Aujourd’hui, quinze ans après, il ne me reste que des fragments de cette expérience en mémoire. Le plus fort est probablement celui de la machine à écrire. C’est le premier texte (et le seul) auquel je me suis attaqué à l’aide de cet appareil de musculation pour jointures. Le texte en soi était très classique pour le genre, c’est-à-dire presque la même chose que le premier. Pourtant, ça ne me posait aucun problème. Après tout, les films d’horreurs à déclinaisons multiples que nous regardions avidement dans le sous-sol des parents de Jonathan le faisais bien, eux! Éventuellement, l’étincelle qui m’amena à débuter la nouvelle s’éteignit et je dû me résoudre à offrir un texte incomplet à Jonathan pour qu’il en fasse ce qu’il veut. Qui sait si Le chien de McNeil aurait eu tant de suites sans ces quelques pages dactylographiées?

Le processus d’écriture du troisième opus est plus vivant dans ma mémoire. Je me souviens des longues discussions que nous avions afin d’élaborer les différentes scènes. Nous travaillions souvent ainsi, composant la nouvelle comme un Vendredi 13 ou un Freddy   : un collage de scènes de meurtres avec un léger fil conducteur. C’est d’ailleurs ce qui a tué un autre de nos projets communs… Je me rappelle que j’eus l’honneur de rédiger la scène d’ouverture (le cimetière) et que c’est l’une de mes préférées. Nous allions dans la chambre de Jonathan après un dîner à la petite cantine du coin et j’utilisais un petit pupitre d’écolier recyclé par sa mère. C’est sur cette surface inégale décorée de petits papiers déchirés et fixés à l’aide de Mod Podge que j’ai couché sur papier ma moitié du Chien de McNeil III. Parfois, je relevais la tête pour poser un question à Jonathan concernant la continuité du récit et on réglait le tout rapidement. Je me souviens aussi que nous écoutions de la musique en écrivant, quelque chose comme Bad Religion et Offspring… Nous avons souvent réessayé de travailler ensemble sur un texte, mais je crois que CMIII est la seule tentative qui ait porté fruit. Tout le reste est précieusement archivé dans une valise au fond d’un garde-robe dans la demeure familiale des Reynolds… Une des grandes particularités de CMIII est de posséder une couverture en couleurs! Enfin, pour un tirage limité de deux exemplaires… J’avais produit une image de couverture à l’aide d’un clipart et d’une police de caractères douteuse, puis j’avais fait imprimé le tout sur la vieille Epson de mon père. Nous nous sommes ensuite rendus chez le défunt bouquiniste Chabot afin de faire quelques photocopies couleurs, mais le prix était exorbitant pour deux élèves du secondaire. Trop fiers pour simplement refuser, nous en avons fait une seule… Disons que ce n’était pas notre heure de gloire… Mais que de bons souvenirs!

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5 réflexions sur “Les légendes de McNeil

  1. Merci Jonathan pour le beau cadeau. Ces quatre textes me rappelle toutes les parties de jeu de rôles d’horreur (l’appel de Cthuthlu, Gurps et autres systèmes inventés) que tu nous faisais jouer… Comme disait Ève Bélisle : « On ne peut jamais tourner une page de sa vie sans que s’y accroche une certaine nostalgie. » Ah, nostalgie quand tu nous tiens… 😉

  2. Pingback: La légende de McNeil, de Jonathan Renoylds – Horreur Québec

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